La célèbre pièce, connue dans le monde entier, a fait l’objet d’innombrables lectures-interprétations. Et il y a autant d’Hamlet que de commentateurs, metteurs en scène, interprètes, spectateurs… C’est la tragédie d’un esprit noble et éclairé qui se rebelle, quand s’ébranlent toutes ses croyances personnelles, philosophiques et politiques.
Proche d’Œdipe, non au sens freudien mais parce qu’il lutte passionnément comme lui, pour apprendre la vérité et qu’en l’apprenant, il se détruit lui-même. La question existentielle « Vivre. Ne pas vivre.» englobe la question « Agir ou ne pas agir. », même contre soi-même.
Mais à quoi bon pour Hamlet, puisque selon lui, l’action ne peut avoir d’effet sur rien, et que l’inaction aboutit au même résultat: une incapacité à réparer les choses et à changer un monde qui ne vaut pas la peine d’être vécu s’il n’est pas changé….
Georges Chimonas a donné en 1988, un nouvel élan au texte de Shakespeare, en créant un discours théâtral à plusieurs niveaux. Ce qui permet aux acteurs d’évoluer avec aisance dans l’interprétation linguistique et para-linguistique des rôles.
Sa traduction a guidé Themis Moumoulidis qui met en scène un spectacle vivant et rapide de cette pièce qui devient compréhensible par un large public.
Themis Moumoulidis lit et fait clairement ressortir les plis complexes du texte shakespearien, tout en cultivant le suspense et l’attention du public.
Il y a ici une attention portée aux détails et l’environnement sombre, mystérieux et menaçant capture la psyché des personnages. En imaginant une scénographie avec d’ingénieuses cachettes, Mikaela Liakatas sert les nuances sémantiques du mouvement de Patricia Apergi, rehaussé par la musique de Stavros Gasparatos. Eclairages-clés de Nikos Sotiropoulos, costumes de Vassiliki Syrma, vidéos de Thomas Palyvos et travail à l’épée d’Anastassis Roilos incarnant Hamlet de manière évolutive et profonde vers les multiples dimensions de l’âme: Themis Moumoulidis a bien choisi ses collaborateurs et ses interprètes.
Ioanna Pappa (Gertrude) se distingue par sa maturité expressive. Michael Syriopoulos (Claudius) montre toute la tromperie et le cynisme du personnage. Thodoris Skyftoulis (Polonius, Le Fossoyeur) et Thanassis Dovris (Rosencrantz, Vernardios, Premier Acteur, Le Roi, Le Prêtre, le Capitaine, Osric) sont très à l’aise dans tous leurs rôles. Marouska Panagiotopoulou (Guildenstern, Le Reine, La Dame), Jenny Kazakou (Ophélie), Aris Ninikas (Horace) et Dimitris Apostolopoulos (Laertes, Lucian, Marcellus, Fortebras) complètent bien cette distribution.