Aris Alexandrou, de son vrai nom, Aristotelis Vassiliadis, est un écrivain et traducteur grec, principalement connu pour son unique roman La Caisse. Né à Pétrograd en 1922, le jeune Aris Alexandrou suit son père grec et sa mère russe dans leur exil en Grèce en 1930. Il a une activité de traducteur, notamment du russe (Vladimir Maïakovski, Fiodor Dostoïevski, Anton Tchekhov, Anna Akhmatova) mais aussi du français (Voltaire) et de l’anglais. Et il adhère au Parti Communiste, ce qui lui vaudra des années de persécution et il sera interné quatre ans dans le camp de Makronissos. Il se réfugie en France en 1967 après le coup d’État des colonels. Il mourut à Paris en 1978.
Son roman qu’il finit d’écrire en 72, est paru en Grèce deux ans plus tard. C’est une suite de dix-huit lettres, datées du 27 septembre au 15 novembre 1949, adressées au Juge d’instruction par un prisonnier qui reçoit chaque jour quelques feuillets pour écrire sa déposition. Un gardien les emporte aussitôt mais il ne reçoit jamais de réponse. Au cours de la guerre civile grecque, l’auteur de ce récit a été choisi pour participer, avec une trentaine de camarades, à une mission-suicide organisée par le Parti Communiste : ils doivent apporter de la ville de N. , à celle de K. une caisse fermée dont le contenu leur est inconnu. De la réussite de cette mission dépend entièrement l’issue de la guerre contre les forces gouvernementales. Dès son arrivée à N., le narrateur reçoit, comme les autres hommes qui ont été choisis, un entraînement militaire spécial, déguisé en entraînement de football. Dans cette ville occupée par les forces communistes, la suspicion est partout et les exécutions pour l’exemple, fréquentes. Ils s’en vont enfin mais la progression est difficile: le commandement impose un parcours plein de détours. Et il y a des offensives, de nombreux accidents ont lieu et les blessés sont exécutés, si bien que le narrateur se retrouve bientôt seul pour apporter la caisse à K.
Aris Alexandrou utilise sa propre expérience pour décrire une vie coincée entre un communisme intransigeant et une dictature étouffante créant ainsi un monde militarisé où fleurissent les prisons. Le Parti Communiste déshumanise ses adhérents, en les soumettant à une logique hiérarchique suicidaire et à une discipline de fer qui les rend indifférents à leur propre mort comme à celle des autres… Fotis Makris et Kleopatra Tologkou ont adapté le roman pour en faire un monologue mais en se focalisant sur les scènes d’action. Le narrateur, soumis à un procès imaginaire, se défend devant un public-tribunal en racontant tous les évènements du transport de cette caisse. Les metteurs en scène ont réussi à créer un suspense et le décor simple mais symbolique représente une salle d’instruction. Fotis Makris, seul en scène, joue avec ardeur et passion mais d’une voix parfois criarde et monotone. En quatre-vingt minutes, il arrive cependant à donner vie à ce texte. Bref, un spectacle intéressant qui fait naître des discussions politiques fécondes.
Nektarios-Georgios Konstantinidis
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