Une parodie du théâtre de boulevard: dans un salon bourgeois, les Smith reçoivent les Martin, auxquels se joignent un moment la bonne et un pompier en visite. Cette « anti-pièce » (son sous-titre) écrite en 1950 apparaît aussi comme un manifeste où sont affirmés les grands principes dramaturgique de l’auteur. Ici, des discussions sans objet se transforment en dispute générale et les protagonistes se battent à coup de mots: ils ne parviennent à s’accorder ni sur le langage ni sur le sens que l’on peut attribuer aux événements de la réalité.
Eugène Ionesco se moque de l’artifice des scènes d’exposition (les Smith et leur Bonne se présentent eux-mêmes au public), parodie la scène finale de reconnaissance de certaines comédies classiques : les Martin, se rencontrant chez les Smith, ne se rendent compte au terme d’une longue conversation qu’ils sont mari et femme!, et au lieu d’un dénouement, il crée une fin cyclique: après un long noir, les Martin remplacent les Smith dans leur salon et prononcent les mêmes répliques que les Smith au début. Et cela transforme la nature de l’illusion et la conception même d’un personnage: impossible de croire à ces êtres, aussi interchangeables que leurs paroles.
Eugène Ionesco rend sensible, en le désarticulant, la difficulté du langage à assumer sa fonction de communication, Le dialogue, lieu d’une permanente ambigüité, véhicule alors le non-sens et progresse à coups de méprises. Et le célèbre auteur français tourne en dérision principe aristotélicien de non-contradiction avec associations de mots, phrases et crée des scènes incompatibles et situées à tous les niveaux rhétoriques du texte; ainsi le dialogue n’a plus rien à voir avec les didascalies…
La pièce contient en germe tous les thèmes de l’œuvre à venir : vision pessimiste du couple, réflexion amère sur la vacuité des relations humaines, non-fiabilité du langage qui isole et qui tue. Eugène Ionesco met en scène, avec les Martin, un homme et une femme que la vie commune a rendu étrangers l’un à l’autre et il médite sur ce narcissisme indépassable qui enferme l’être dans sa solitude.
Eugène Ionesco rend sensible, en le désarticulant, la difficulté du langage à assumer sa fonction de communication, Le dialogue, lieu d’une permanente ambigüité, véhicule alors le non-sens et progresse à coups de méprises. Et le célèbre auteur français tourne en dérision principe aristotélicien de non-contradiction avec associations de mots, phrases et crée des scènes incompatibles et situées à tous les niveaux rhétoriques du texte; ainsi le dialogue n’a plus rien à voir avec les didascalies…
La pièce contient en germe tous les thèmes de l’œuvre à venir : vision pessimiste du couple, réflexion amère sur la vacuité des relations humaines, non-fiabilité du langage qui isole et qui tue. Eugène Ionesco met en scène, avec les Martin, un homme et une femme que la vie commune a rendu étrangers l’un à l’autre et il médite sur ce narcissisme indépassable qui enferme l’être dans sa solitude.
Sophia Marathaki renforce la parodie et le burlesque pour aboutir à la fin à un délire presque cathartique. Tous les personnages expirent sur scène dans un rituel comique et sensuel à la fois. Il y a dans sa mise en scène un méta-texte commentant la genèse de l’œuvre du dramaturge et soulignant aussi tout le paradoxe du langage. Un long tapis rose et des toiles représentant un ciel nuageux et les costumes signés Konstantinos Zamanis créent un univers propice à l’absurde. Et la musique de Vassilis Tzavaras comme les éclairages de Sakis Birbilis, un espace imaginaire entre rêve et cauchemar. Les comédiens défendent avec ardeur cette lecture de la pièce avec une remarquable gestualité et le spectacle garde toujours un très bon rythme…
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre Technis, 14 rue Frynichou, Athènes. T. : 0030 210 32 22 464
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