La
Réunification des deux Corées de Joël Pommerat, mise en scène Nikos Mastorakis,
spectacle en grec, traduction Marianna Kalbari
La pièce La Réunification des deux Corées (écrite en 2013) est composée de vingt instantanés, vingt moments
en guise d’épisodes autonomes, qui gardent toutefois une espèce
d’interdépendance assurant l’unité interne de l’œuvre. Joël Pommerat tisse la fable de chaque instantané en partant du
personnel pour arriver aux grandeurs du général œcuménique. Il s’agit d’un écrivain
qui avance dans la dramatisation de ses personnages à pas lents mais décidés.
Tout en révélant les éléments constitutifs de ses instantanés théâtraux,
l’auteur place son public face à de multiples problématiques concernant la vie
intérieure du mortel. La rhétorique de Joël
Pommerat n’insiste pas sur l’argument posé. Il nous incite plutôt à trouver
la solution convenable à commencer par le principe de la raison. Ensuite,
l’auteur nous conduit aux principes de l’imagination et, dernièrement, il nous
amène dans le cadre du faisable.
Joël Pommerat met
l’accent sur le manque d’affection dans la vie des gens qui ne communiquent pas
bien qu’ils se rencontrent éventuellement tous les jours. L’auteur français
avance très loin dans le psychisme de l’homme ordinaire qui s’oblige à suivre
l’habitude devenant d’ailleurs sa seconde nature. L’auteur entreprend de
bafouer l’habitude et cherche ainsi à rétablir la notion de la particularité,
de la chose donc différente à travers laquelle l’homme peut se sentir libéré et
intègre. Joël Pommerat provoque la
conscience de l’homme et exerce sur l’existence même sa critique dépourvue de
tout faste provenant du bavardage. En peu d’espace de logos, il étend un vaste
« territoire » des notions et des concepts.
Le théâtre de Pommerat favorise de façon continue la mise en scène par le
biais d’un tribunal. Ses personnages portent dans leurs profondeurs la
particularité qui enfonce l’impossible : le rêve d’un rapprochement
devient de plus en plus utopique. Alors il faut porter plainte… Le théâtre de
Pommerat se transforme soit en ring où deux parties se battent, soit en
tribunal où celui qui gagne ce sera celui qui présentera l’argumentation la
plus avantageuse. Cependant, tout est possible et baigne dans l’incertitude due
au doute.
Le spectacle qu’a crée Nikos
Mastorakis est une révélation pour les spectateurs grecs. La construction
scénique – un labyrinthe métallique – fonctionne symboliquement. Le metteur en
scène insiste avec hardiesse sur la question du doute qui ressemble à une sorte
d’essence vénéneuse distillée doucement et dont l’efficacité est sûre. Au fond,
il y a toujours le manque : manque d’amour, manque de justice, manque de
sincérité, manque d’héroïsme et ainsi de suite.
Les comédiens Gerasimos Genatas, Cléon
Grigoriadis, Ioanna Mavrea, Loukia Michalopoulou, Konstantina Takalou,
Théodora Tzimou et Thanos Tokakis
incarnent les personnages tout en soulignant les nuances sentimentales. Chacun
d’eux se manifeste dans les rôles, qui lui sont confié, avec beaucoup d’ardeur
tout en défendant sa propre personnalité d’acteur.
À ne pas manquer !
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre Technis « Karolos Koun »
5, rue Pesmazoglou, Athènes, 0030 210 32 28 706
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