Τετάρτη 7 Μαρτίου 2018

Karaflobekatsos et Spyridoula de Lena Kitsopoulou, mise en scène Konstantinos Markellos



       La pièce de Lena Kitsopoulou, intitulée Karaflobekatsos et Spyridoula, appartient à un répertoire qui propose l’insolite à la place peut-être de l’esthétique du méta-moderne. Cependant, l’insolite de l’écrivaine grecque projette plutôt le grotesque bourré d’éléments d’un méta-langage centré sur les stéréotypes ainsi que sur certains clichés caractéristiques. Il se crée donc une espèce d’expression linguistique à l’intérieur de la langue utilisée par l’entourage dénonciateur. Il s’agit, l’on dirait, d’une mise en pages d’un phénomène langagier proche de ce que l’on appelle le « théâtre dans le théâtre ». L’élément expressif accompagne un acte corporel à côté de la thématique associée au faire et au dire. Il est bien entendu que le mot énoncé provoque l’explosion de la manière de présenter l’esthétique des extrémités.
        Dans le texte de Lena Kitsopoulou, les clichés provocateurs font légion, ce qui constitue un texte qui se veut d’un côté provocateur et d’un autre dénonciateur visant la classe médiocre des petits bourgeois. Ainsi, la provocation et la dénonciation s’affilient dans le but de montrer au public les modalités qui aident à formuler, le mieux possible, la partie prise de l’auteure. En effet, Lena Kitsopoulou projette ses accusations à l’égard de l’ordre établi et prend le spectateur en témoin pour exorciser avec aisance les forces maléfiques des bienséances au détriment, bien entendu, de la vraisemblance dont on n’a pas besoin paraît-il. On peut très bien vivre sans les contraintes de toute sorte, dans un climat donc d’euphorie après avoir tourné en ridicule les façons de faire et de dire des gens autour de nous.
         Cependant, présenter sur la scène, à travers le corps du comédien, la trivialité des choses dans une société donnée qui, en plus, a besoin d’être guérie de ses multiples maladies, semble, à vrai dire, à l’effort de Dieu qui aurait le pouvoir de purifier les maudits. Or, Lena Kitsopoulou n’a pratiquement rien à faire même lorsqu’elle se met en quatre pour choquer le public et l’inviter ainsi à voir la vérité vulgaire de face. Pourtant, depuis que la civilisation existe, le théâtre se donne la peine de corriger les mœurs et cela sans toujours hurler son désespoir car rien ne bouge. Ce que Kitsopoulou entreprend de faire devient de plus en plus incapable d’assurer le pouvoir énorme du théâtre, qui perd ainsi de sa force vitale. Le spectateur aboutit à perdre de vue l’objectif de ce théâtre de grandes et de trop nombreuses thématiques « masquées » par la grossièreté du langage. L’esprit soi-disant provocateur n’est en fait qu’une fourberie cachée sous les apparences d’un vouloir changer le monde et l’humanité.
         Dans la représentation de la pièce Karaflobekatsos et Spyridoula au Théâtre « Stathmos », les comédiens suivent avec exactitude les paramètres de leurs rôles, conformes à une conception de mise en scène du vulgaire. La représentation se produit sur deux volets, le premier occupé par l’Homme (Karaflobekatsos) et le second par la Femme (Spyridoula). L’Homme, interprété par Konstantinos Avarikiotis, ne fait que parler à soi-même et notamment à ses couilles, pauvre type ! Il a tant de choses à raconter à sa partie génitale qu’à la fin, il succombe aux puissances maléfiques de son corps « mal foutu » et des particularités de son cul. Sinon, Konstantinos Avarikiotis joue avec de la bonne humeur et fournit à son personnage une petite dose de vérité obsessionnelle qui le rend sympathique.
         D’ailleurs, Hélène Stergiou, dans la deuxième partie de la pièce, incarne une espèce de femme fatale, habillée de façon appropriée, une femme qui ne fait que parler aussi et étaler les menus détails de sa vie comme « femme » qui cache sa vraie nature. Oui, l’homme caché sous la corporalité d’ensemble de Spyridoula, débite des mots « choquants », des soi-disant inconnus du public considéré apparemment comme un amas d’imbéciles, surtout dans un théâtre à Athènes, une ville qui pilule de petits et de grands théâtres qui pratiquent l’avant-garde.
         Aussi, la mise en scène de Konstantinos Markellos tombe-t-elle dans le piège tendu par le texte et n’a pas beaucoup de choix de montrer l’élément désaxé en relation avec son homologue, polyvalent et sincère. Toutefois, l’ambiance créée par la scénographie de Giorgos Vafias ainsi que les éclairages de Melina Mascha et la musique de Giorgos Kassavetis permettent d’entrevoir une petite « lumière » proche d’une coexistence de « vérité » fictionnelle et de fiction basée sur le soi-disant. Il est à souligner que le décor a, en tant qu’éléments séparés, sa propre place qui reflète les désirs et les passions tout internes : la présence des colonnes – boîtes montre de prime abord un univers uniforme. Au fur et à mesure que l’action avance, les colonnes dévoilent leur contenu, c’est-à-dire des objets personnels et de petites localités caractéristiques. Le passage de la métonymie à la métaphore se fait sans brusquer l’entourage sur la scène et cela amplifie la portée de la dynamique du spectacle.

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Théâtre « Stathmos », 55 rue Victor Hugo, Athènes, tél. 0030 211 40 36 322


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