Πέμπτη 1 Μαρτίου 2018

Les femmes diaboliques au Théâtre « Tzeni Karezi »



      Sara Ganoti et Nikos Stavrakoudis signent une adaptation théâtrale, bien réussie, du film Les Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot d’après le roman Celle qui n’était plus de Pierre Louis Boileau et Pierre Ayraud, dit Thomas Narcejac. Le metteur en scène Paris Mexis obtient un résultat scénique approprié. Il donne un souffle particulier à une histoire de cocuage lié à la chronique, disons, d’un meurtre, encadré dans le schéma « vrai – faux – secret – mensonge ». En effet, tous les personnages de l’intrigue sont impliqués à des situations ou à de petits épisodes caractéristiques d’un constat qui leur est attribué. Au fur et à mesure que l’action se développe au sein d’une microsociété, comme l’école privée de Madame Delassalle, le vrai et le faux s’entremêlent et accusent une situation de désordre concernant aussi bien ceux qui gèrent l’école que ceux qui y travaillent ou qui y étudient.
        L’atmosphère, créée par la mise en scène, met en relief l’ambivalence et l’ambigüité nées, par exemple, du secret soupçonné dans son côté négatif. Le secret porte en lui la duperie consommée par le manque de confiance. Les personnages de l’intrigue baignent tous dans l’accusation, les uns montrant du doigt les autres, au niveau bien entendu de ceux qui sont concernés : la femme soupçonne son époux, l’époux sa maîtresse, la maîtresse son associé et tout cela jusqu’à ce que le vrai perd tous ses liens avec les notions contraires lui devenant synonyme dans un espace peuplé d’oxymores et d’éléments fluides.
        En fait, l’espace scénographique de Paris Mexis est indiqué et fortement souligné grâce à une piscine qui constitue le fond où se déroule l’action. D’ailleurs, le spectateur a l’impression que tout commence de la piscine et aboutit à elle comme lieu de rencontres de toutes les antithèses, qui mettent sur pied la rhétorique des eaux emportant tous les mensonges et toutes les vérités. En outre, la piscine fonctionne également comme un endroit purificateur qui lave les péchés. Toutefois, la piscine – purgatoire ne se laisse faire si facilement : le corps plongé c’est le summum de l’action de la piscine, considérée comme une pièce d’eau qui se venge, peut-être, dans le but de prêcher la morale aux futurs pécheurs, forgés dans et par l’adultère, créateur d’idées. Or, l’idée majeure c’est commettre un meurtre pour se faire une vie.
        La représentation athénienne, au Théâtre « Tzeni Karezi », traite la pièce comme une étrange mosaïque d’incertitudes et d’interrogations. Qui a raison ? Qui a tort ? Est-ce que vraiment le mari un salaud ? Et l’épouse ? Est-elle vraiment innocente ? Autant de questions qui arrivent jusqu’à l’inspecteur, mis en doute lui aussi.
        Dans le rôle de Christine Delassalle, Maria Kavoyanni ajoute une certaine sentimentalité mélancolique alors que la maitresse Nicole Horner de Kaiti Konstantinou est présentée comme engagée aux extrémités de son rôle, c’est-à-dire elle joue d’un air plus austère et plus décisif qu’on n’aurait attendu. Toutefois, son rythme scénique est impeccable, comme celui de son amant, l’époux de Christine, le directeur de l’école, Michel Delassalle. Dans ce rôle, Nikos Arvanitis accentue, par ailleurs, le fait que l’action a lieu pratiquement dans l’école, cette grande entité qui crée l’antithèse centrale entre le lieu d’apprentissage et le lieu des inscriptions des désirs innommables.  
        En tant que Plantiveau, le concierge de l’école, Dimitris Liolios se démène en courant dans l’espace jusqu’aux rangs des spectateurs. Il montre ainsi le professionnel affairé et toujours préoccupé, quelqu’un chassé par les circonstances ainsi que par les besognes attachés à son boulot. Dans le même esprit, ou presque, l’élève Philippe de Michalis Prospathopoulos suit le cours du rythme scénique et court aussi de long en large comme s’il était chassé par un esprit maléfique. Cependant, il porte à la lumière du jour le point culminant de tous les secrets de son entourage. Le jeune élève de Michalis Prospathopoulos se laisse aller au dessous d’un réalisme « parfumé » d’un absurde tout à fait toléré.
        Notons que, contrairement au « va et vient » exhaustif, on dirait, la sérénité et ce quelque chose d’innocent dans la tenue de l’inspecteur Fichet, interprété par Sotiris Tsakomidis, rendent l’ensemble des comportements des personnages beaucoup plus équilibré. Pourtant, l’inspecteur qui pose souvent trop de questions n’est vu que d’un œil peu confiant. Ici, l’inspecteur de Sotiris Tsakomidis répand plutôt de la paix sereine, le tout vu des yeux d’un enfant.
        La représentation au Théâtre « Tzeni Karezi » réunit de bons collaborateurs artistiques : les costumes de Paris Mexis nous introduisent aisément dans l’ambiance contrôlable (l’école) et sont d’une harmonie rare. De même, les effets sonores de Katerina Vamva en relation avec l’éclairage de Giorgos Tellos tissent un entourage scénique parfait.

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Théâtre « Tzeni Karezi », 3 rue Akadimias, Athènes, tél. 0030 210 3636144



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