Παρασκευή 25 Νοεμβρίου 2022

Filumena Marturano d’Eduardo de Filippo, traduction d’Irène Bozopoulou, mise en scène d’Odysseas Papaspiliopoulos


Cet acteur mais aussi dramaturge, réalisateur et scénariste italien (1900-1984) a représenté la tradition du grand théâtre populaire et a été aussi un guide. On a vu en lui un acteur de génie mais aussi un poète écrivant ses pièces en dialecte napolitain: « Je crois, disait-il, que le langage théâtral doit s’adapter au type de dramaturgie. Il y a la comédie, le drame, la tragédie, la farce, le genre grotesque, la satire. On peut utiliser de nombreux langages qui appartiennent à la langue parlée, à la langue usuelle. » Il a été considéré comme un successeur de Pirandello mais aussi  apprécié comme député et homme politique. 

Dans cette célèbre comédie créée en 1946 et jouée dans le monde entier, Filumena «la Napolitaine», mère de trois enfants était autrefois, très amoureuse de Domenico Soriano, un invétéré coureur de jupons qui l’a abandonnée. Profondément blessée, Filumena a lutté avec courage pour élever ses trois enfants et ne s’est jamais résignée. Aujourd’hui, elle aime quand même toujours avec passion son Domenico mais décide de se venger et lui avoue qu’il est le père d’un de ses enfants. Sans lui révéler lequel…
Il va donc se comporter comme un père avec les trois, ce qu’elle voulait… Filumena Marturano parle déjà des revendications féminines et le célèbre auteur y dénonce la condition des femmes pauvres à Naples…
Une pièce cruelle malgré une belle fin avec une famille reconstituée. Mais Domenico et Filumena ont l’un et l’autre perdu ce qu’il y a de meilleur avec les enfants: les voir grandir. Ils sont, nous disent-ils à la fin, des poulains qu’on fait courir et qui prennent le relais des adultes… Eduardo De Filippo est ici fidèle au mythe méridional: celui de la vie continuant à travers les enfants. En 1946, après la longue période noire du fascisme et de la guerre, il lançait sans doute un message d’espoir…

Le metteur en scène approfondit ce texte qui oscille entre comique et dramatique, tout en alternant rythme accéléré ou ralenti. Il accentue les moments comiques avec une gestualité farcesque. Comme dans cette scène de jalousie de Diana et celle où se disputent les trois frères. La lumière faiblit aux moments de dilemme ou grande tension et les comédiens nuancent les mobiles et les arrières-pensées de leurs personnages.
Décor majestueux, remarquables costumes et la dernière scène est d’une immense beauté. Domenico (Ilias Meletis) déchire les tapisseries du salon,  et apparaît alors une forêt illuminée, un jardin d’Eden. Maria Nafpliotou y excelle en Filumena et nous transmet le message de la pièce: «Les enfants sont des enfants. » Pénélope Markopoulos, elle, sait créer une Rosalia Solimene riche en sentiments, comme les autres comédiens de ce spectacle émouvant. 

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Théâtre Dimitris Chorn,  10 rue Amérikis, Athènes. T. : 0030 2103612500.

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