Critique/Livre
Ennemis de
sang d’Arkas, traduit du grec moderne par Dimitris Filias, Athènes, Editions « Grigoris »,
2017, 98 pages.
Le nom et la renommée d’Arkas sont plutôt attachés au grand succès de la
bande dessinée que l’écrivain et cartooniste grec manie de façon tout à fait
particulière : Arkas, à travers ses dessins, repend de la spiritualité qui
vivifie ses « personnages » leur munissant une dose de théâtralité
considérable. Après tout, la « mission » de la bande dessinée c’est
de combiner l’ « utile à l’agréable », c’est-à-dire, l’information « manipulée »
en relation avec un message concret. Arkas met aussi l’accent sur le paradoxe
qui, à lui seul, trahit un besoin impérieux de porter à la lumière du jour les
vices de nos sociétés occidentales, hypocrites et imbues d’implicites absurdes.
Dans la première pièce de
théâtre d’Arkas, Ennemis de sang, écrite en 2007, les trois personnages
appartiennent à « cet autre monde » (dirait Rabelais) qu’est l’homme
comme entité entière : Le corps humain, composé d’organes destinés à
consommer de l’énergie, suivant la fonction de chacun d’eux, représente un
vaste territoire d’affinités. Celles-ci conduisent à la profondeur de l’Etre où
l’on cherche à voir les amis de sang.
Selon l’écrivain et
dessinateur, la bonne entente de tous les organes du corps assure l’harmonie et
le bon fonctionnement de l’organisme. Arkas, par le biais de sa thématique, en
apparence singulière, nous montre les grandes similitudes entre la matière
charnelle et la matière spirituelle et surtout les ressemblances entre l’organisme
humain et la société des hommes. Pour Arkas, la société
civilisée manque de cohérence au niveau de la compréhension. Diffusé comme
faisant partie de la norme, le rapprochement de différents « services »
obéit à un pouvoir central, qui ne fait qu’un effort faible de collaborer au
profit de tous.
La pièce d’Arkas, Ennemis
de sang, reflète l’ambiance conflictuelle entre l’ « Intestin
grêle », le « Gros intestin » et le « Rein droit »,
qui constituent les personnages du créateur grec. L’esprit de dispute, qui
règne dans un corps humain, reflète surtout la gravité du problème de la
mauvaise entente qui conduit à la catastrophe finale de la « communauté »,
ne serait-ce qu’au niveau de la coexistence de tous les organes de l’organisme
humain. D’ailleurs, à partir de ce microcosme, l’auteur vise à indiquer le
malaise dans les macro-structures de l’humanité.
La traduction du texte grec
en français par Dimitris Filias (Professeur de traduction littéraire de l’Université
Ionienne) est une procédure extrêmement difficile, vu le langage d’Arkas
passant du réalisme langagier aux tournures excessives. Disons que l’écrivain-dessinateur
procède en parodiant le mot et en le forçant de dépasser son statut
informationnel et sentimental. Dimitris Filias, traducteur expert dans l’expression
bilingue, arrive à traduire, avec une exactitude exquise, aussi bien l’apparat
du paradoxal que les compromis du mot « masqué » en tant que
fondement de la parodie.
De plus, le problème est posé
par toute tentative de traduction depuis le texte d’origine au texte d’une
langue n’ayant aucun rapport avec la langue maternelle. Le mérite de la
traduction de Dimitris Filias, c’est qu’il a su mener à un résultat dont les
reflets d’efficacité sont aisément présentés à travers un ensemble signifiant
avançant l’esthétique d’un baroque « réalistique » et humoriste.
Nektarios-Georgios Konstantinidis
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