Les Perses d’Eschyle est une tragédie historique, basée sur la
bataille de Salamine et écrite quatre ans après la victoire des grecs.
Pourtant, le poète tragique place l’action à Soussa, la capitale des Perses. Là,
ce n’est pas le roi Xerxès qu’on attend mais c’est plutôt le fils Xerxès qu’on
se prépare à recevoir : Atossa, la reine-mère attend son fils dans une
grande intensité causée par le pressentiment de la défaite. Eschyle, dans cette
tragédie, met surtout l’accent sur la sentimentalité et l’émotion jaillies de par
la mise en place de la relation archétypique entre la mère et le fils.
La représentation de la tragédie
dans le théâtre ouvert Hérode atticus, aux pieds de l’Acropole, fut menée par Aris Biniaris, metteur en scène et
musicien à la fois. Notons que Biniaris emploie ses deux fonctions dans le but
de présenter au public un spectacle tout à fait particulier. En effet, il
s’appuie sur la prosodie de la traduction de Panaghiotis Moullas qui garde la rime et souligne de cette façon la
poéticité du texte. Le spectacle réunit harmonieusement les sons de la voix des
comédiens qui débitent leurs paroles ainsi que les sons de deux tambours. Les
instruments musicaux donnent le ton avec
efficacité au mouvement du corps des comédiens. Il faut souligner que
cette jonction crée l’impression d’un vertige corporel qui fait référence aux
danses orientales de Derviches. D’ailleurs, au moment crucial de l’appel du roi
mort Darius, aussi bien Atossa que le Chœur se laisse aller à un rituel aux
mouvements débridés, pathétiques et cruels dans sa conception. Aris Biniaris a su marier ensemble la
musique et la parole et a obtenu un résultat extrêmement riche de connotations
rythmiques et spectaculaires. Il a donc pu tirer un grand profit concernant
l’esthétique du spectacle étant donné qu’il a transformé convenablement le mot
en image. Par exemple, l’arrivée et l’exposition de Xerxès sur scène offre
généreusement l’image intacte de la parole débitée par le Messager. C’est l’apogée
de la notion du tragique et de la parole muée en image : Xerxès arrive
humilié et dans la plus grande déchéance de ses habits de roi comme pour
justifier les descriptions du Messager.
Karyofyllia Karambeti n’a pas pu trouver le fil conducteur d’Atossa
et s’est éloigné considérablement de l’archétype de la mère. La comédienne n’a
pas pu garder l’ampleur du personnage qui se rétrécie d’une manière
caractéristique. Charis Charalampous répond
grosso modo aux exigences du rôle de
Messager. De même, Nikos Psarras (Darius)
et Antonis Myriagkos (Xerxès)
défendent leur contribution avec aisance.
L’Organisme Théâtral de Chypre,
à travers cette tragédie d’Eschyle, a fait une production de haute qualité.
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Spectacle vu le 30 août au Théâtre Hérode atticus (en
grec, sous-titré en anglais)
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