Le Père, la Mère que nous apercevons derrière leurs fenêtres avec deux filles et un enfant endormi, ne savent pas encore qu’une autre de leurs filles, sortie le matin même, s’est sans doute suicidée (mais l’auteur ne le précise pas). Le Vieillard, qui a découvert son corps dans la rivière, attend dehors avec l’Etranger et n’osent pas entrer dans la maison annoncer l’horrible nouvelle. La force et l’originalité de l’œuvre tiennent aussi aux espaces conçus: l’intérieur, où la famille que l’on voit seulement vivre, insouciante et muette et l’extérieur, où sont les témoins, retardant le moment de pénétrer dans la maison, suspendent le temps.
Le Vieillard et l’Inconnu assument ainsi la fonction de narrateurs épiques et leur échange s’apparente à une longue didascalie alternée où ils commentent les humbles gestes de ceux qui, dans le silence, au lointain, vivent encore dans l’ignorance et la tranquillité. Ce drame statique associant images et silence mais ici en séparant action et dialogue, trouve une remarquable expression.
Et cette première mise en scène de Panagiotis Gizotis est un bel essai poétique sur «l’espace dans l’espace». Avec une sorte de rituel aux images fortes, avec un silence, une gestualité, des sons et une lumière de grande qualité.
La représentation a lieu au premier étage d’un ancien immeuble style néoclassique de l’avenue Alexandras au centre d’Athènes. Une actrice nous accueille et nous fait monter dans l’appartement où nous serons les témoins de la vie de quatre personnages autour de la table du salon.
Un spectacle dans le spectacle avec des actions en parallèle où le metteur en scène donne une lecture originale de deux espaces: une miniature de la maison et la projection de ce qui se passe à l’intérieur. Sur un écran, nous voyons les personnages agir dans cet espace clos. Joués par d’excellents acteurs créant une illusion qui fascine le public grâce à une gestion exceptionnelle du rythme, des intonations et de l’expression corporelle par Panagiotis Gizotis.
Le magnétophone, les enregistrements sur cassettes que les comédiens changent eux-même, donnent à cette mise en scène un aspect mystique. Intimité et étrangeté, à la fois entre artificiel et naturel, se conjuguent pour souligner le «tragique quotidien» de Maeterlinck. Une expérience théâtrale à ne pas manquer!
Nektarios Georgios Konstantinidis
Jusqu’au 12 mai, Πάνω Σπίτι (Maison), 37 Alexandras avenue, Athènes. T. : 00306986614274
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