Τετάρτη 21 Φεβρουαρίου 2018

Vu du pont d’Arthur Miller, traduction Giorgos Kimoylis – Nikaiti Kondouri, mise en scène Nikaiti Kondouri, Théâtre National de la Grèce

     
 
      Arthur Miller, dans sa pièce, Vu du pont, (A view from the bridge 1955), met l’accent sur deux questions bien claires dans son œuvre : le problème qu’engendre le phénomène de l’immigration et les problèmes dus aux multiples façons d’exprimer le désir de s’approcher de l’autre. L’écrivain américain exploite à fond la sentimentalité amoureuse établie entre Rodolpho, nouveau venu clandestinement dans la région des travaux du port de New York et la jeune nièce d’Eddie Carbone. Celui-ci offre non sans objections de l’hospitalité à des émigrés, qui, à l’époque, bâtissent un peu partout en Amérique le fameux « American dream ».
        Cependant, l’installation des cousins de Béatrice (femme d’Eddie) ne se fait pas toujours dans de meilleures conditions possibles. Au contraire, les problèmes apparaissent bientôt et tout est à recommencer du point de vue de la mentalité des uns et des autres. Le groupe des Siciliens ne s’adapte pas facilement à la vie de New York, surtout quand il faut se cacher du regard des curieux et de ceux qui se méfient de l’étranger.
        Toutefois, chez Eddie Carbone, tout aurait pu suivre le chemin paisible de la bonne entente si le jeune Rodolpho n’avait pas fait une connaissance intime avec Catherine, la protégée d’Eddie et de sa femme Béatrice. Eddie découvre la relation des deux jeunes. Leur envie de se marier le rend furieux et incapable de se retenir. Il commence à calomnier Rodolpho et à se moquer de sa tenue qu’il juge féminine. La nièce se révolte et veut à tout prix s’éloigner de la maison d’Eddie. D’ailleurs, le comportement de celui-ci dépasse les limites des sentiments purs, à travers lesquels un oncle essaierait d’avertir et de conseiller sa nièce. Dans la pièce d’Arthur Miller, le point focal c’est le désordre sentimental, tout personnel, qui attire l’attention du lecteur/spectateur, alors que la question sociopolitique reste à la surface de la lecture de l’œuvre.    
         Au Théâtre National de la Grèce, sous la direction de Nikaiti Kondouri, la pièce de Miller revivifie le discours de la différence du point de vue de la profondeur de la question sociopolitique, à laquelle se mêle l’histoire d’amour de façon caractéristique. La mise en scène de Nikaiti Kondouri conduit le statut thématique de la pièce dans un environnement dominé par le mouvement surtout rapide mais nonchalant aussi quand il faut montrer les doutes et les moments de revirement.
         Georges Kimoulis incarne le rôle d’Eddie Carbone de manière à rendre au personnage la saveur d’un tragique qui préfère s’abandonner au hasard des situations. Face à Eddie, Béatrice et Catherine, interprétées par Maria Kechagioglou et Iliana Mavromati respectivement arrivent à attirer l’attention du public. Les deux comédiennes approfondissent dans leur rôle. Stathis Panagiotidis (Marco) et Alexandros Mavropoulos (Rodolpho) constituent une paire très dynamique, très utile au déroulement de l’action. Nikos Chatzopoulos (Alfieri) assure la continuité de l’intrigue et rend extrêmement avantageux le rôle du narrateur. Les autres comédiens (Paris Thomopoulos, Tassos Pyrgieris, Kostas Falelakis, Kostas Korakis, Thalia Griva, Nikolas Chanakoulas, Ilia Algaer, Giorgos Matziaris, Anastassis Syméon Laoulakos) encadrent les situations scéniques et dans certains moments créent une espèce de chœur.
         Notons que la scénographie et les costumes de Giorgos Patsas mettent en relief les « complexes » de toute sorte émanées par l’intrigue de la pièce : L’espace et les personnages baignent dans l’atmosphère manipulée par les immenses crochets qui pendent d’un plafond singulier, vaguement provocateur. L’ambiance créée projette le péril et l’incertitude, tout cela contrôlé par l’éclairagiste Lefteris Pavlopoulos qui « construit » l’espace et les objets comme les ombres dans un rêve à la limite du cauchemar.

Nektarios-Georgios Konstantinidis


Théâtre National de la Grèce – Scène Centrale – Bâtiment Tsiller, 22-24 rue Agiou Konstantinou, Place Omonia, Athènes, tél. 0030 210 5288170 

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