Arthur
Miller, dans sa pièce, Vu du pont, (A view from the bridge
1955), met l’accent sur deux questions bien claires dans son œuvre : le
problème qu’engendre le phénomène de l’immigration et les problèmes dus aux
multiples façons d’exprimer le désir de s’approcher de l’autre. L’écrivain
américain exploite à fond la sentimentalité amoureuse établie entre Rodolpho,
nouveau venu clandestinement dans la région des travaux du port de New York et
la jeune nièce d’Eddie Carbone. Celui-ci offre non sans objections de
l’hospitalité à des émigrés, qui, à l’époque, bâtissent un peu partout en
Amérique le fameux « American dream ».
Cependant, l’installation des
cousins de Béatrice (femme d’Eddie) ne se fait pas toujours dans de meilleures
conditions possibles. Au contraire, les problèmes apparaissent bientôt et tout
est à recommencer du point de vue de la mentalité des uns et des autres. Le
groupe des Siciliens ne s’adapte pas facilement à la vie de New York, surtout
quand il faut se cacher du regard des curieux et de ceux qui se méfient de
l’étranger.
Toutefois, chez Eddie Carbone,
tout aurait pu suivre le chemin paisible de la bonne entente si le jeune
Rodolpho n’avait pas fait une connaissance intime avec Catherine, la protégée
d’Eddie et de sa femme Béatrice. Eddie découvre la relation des deux jeunes.
Leur envie de se marier le rend furieux et incapable de se retenir. Il commence
à calomnier Rodolpho et à se moquer de sa tenue qu’il juge féminine. La nièce
se révolte et veut à tout prix s’éloigner de la maison d’Eddie. D’ailleurs, le
comportement de celui-ci dépasse les limites des sentiments purs, à travers
lesquels un oncle essaierait d’avertir et de conseiller sa nièce. Dans la pièce
d’Arthur Miller, le point focal
c’est le désordre sentimental, tout personnel, qui attire l’attention du lecteur/spectateur,
alors que la question sociopolitique reste à la surface de la lecture de
l’œuvre.
Au Théâtre National de la
Grèce, sous la direction de Nikaiti
Kondouri, la pièce de Miller revivifie le discours de la différence du
point de vue de la profondeur de la question sociopolitique, à laquelle se mêle
l’histoire d’amour de façon caractéristique. La mise en scène de Nikaiti Kondouri conduit le statut
thématique de la pièce dans un environnement dominé par le mouvement surtout
rapide mais nonchalant aussi quand il faut montrer les doutes et les moments de
revirement.
Georges Kimoulis incarne le rôle d’Eddie Carbone de manière à
rendre au personnage la saveur d’un tragique qui préfère s’abandonner au hasard
des situations. Face à Eddie, Béatrice et Catherine, interprétées par Maria Kechagioglou et Iliana Mavromati respectivement arrivent
à attirer l’attention du public. Les deux comédiennes approfondissent dans leur
rôle. Stathis Panagiotidis (Marco)
et Alexandros Mavropoulos (Rodolpho)
constituent une paire très dynamique, très utile au déroulement de l’action. Nikos Chatzopoulos (Alfieri) assure la
continuité de l’intrigue et rend extrêmement avantageux le rôle du narrateur.
Les autres comédiens (Paris Thomopoulos,
Tassos Pyrgieris, Kostas Falelakis, Kostas Korakis, Thalia Griva,
Nikolas Chanakoulas, Ilia Algaer, Giorgos Matziaris, Anastassis
Syméon Laoulakos) encadrent les situations scéniques et dans certains
moments créent une espèce de chœur.
Notons que la scénographie
et les costumes de Giorgos Patsas
mettent en relief les « complexes » de toute sorte émanées par
l’intrigue de la pièce : L’espace et les personnages baignent dans
l’atmosphère manipulée par les immenses crochets qui pendent d’un plafond
singulier, vaguement provocateur. L’ambiance créée projette le péril et
l’incertitude, tout cela contrôlé par l’éclairagiste Lefteris Pavlopoulos qui « construit » l’espace et les
objets comme les ombres dans un rêve à la limite du cauchemar.
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre National de la Grèce – Scène Centrale – Bâtiment
Tsiller, 22-24 rue Agiou Konstantinou, Place Omonia, Athènes, tél. 0030 210
5288170
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