Soumise à un homme agressif et égoïste, elle a voulu sauver sa dignité avec un acte qui lui donnerait droit à un véritable amour en l’occurence : Egisthe. Cette lettre, écrite et réécrite sur scène, met l’héroïne à la place de l’écrivain. Théâtralité assurée : c’est une pièce de théâtre épique et Clytemnestre est là comme pour une répétition. Et selon l’auteur: « toute représentation, comme nous savons tous, est une hypothèse. »
Le titre est déjà un commentaire méta-théâtral sur la tragédie et pas seulement du mythe des Atrides. Il implique une lectrice-émettrice et Clytemnestre est ici en même temps écrivaine et comédienne. Cette lettre, écrite et dite sur un ton de conversation et narratif, tend souvent vers le monologue intérieur mais aussi vers un dialogue vivant. L’auteur a déplacé le personnage de Clytemnestre, de l’univers tragique à celui du théâtre moderne et il y a de nombreux anachronismes : cigarettes, cendrier, papiers…
La relation entre Agamemnon et Clytemnestre, et les motifs de ses actes sont le thème de cette Lettre à Oreste qui est toujours à écrire… Une allusion faite à la richesse du mythe et en même temps, l’expression d’une confusion intérieure chez elle qui s’adresse à Oreste absent, et indirectement au public. Elle raconte ce qu’a été sa vie avec Agamemnon,son époux et le père de ses enfants et dit ses vérités sur les deux sexes…Une version anti-héroïque du mythe : Clytemnestre se métamorphose en femme au quotidien et pour elle, les lois de la Cité ont la même valeur que pour toutes les autres femmes. Face à l’image repoussante d’Agamemnon qui a une soif de domination exprimé envers sa femme, Égisthe représente pour la reine, l’autre aspect du sexe masculin. Il lui a appris que la vie n’est pas seulement une misère et qu’on peut la mener à son gré. Il est ici l’homme qui défend le matriarcat et les droits des femmes…. Ce spectacle, dont le texte a été traduit par Selma Ancira, a été présenté au Mexique en octobre, au festival Emillio Carballido, dans le cadre d’un hommage à l’écrivain grec.
Yannis Papayannis, fidèle à l’esthétique du texte, souligne les conditions d’une répétition et la théâtralité. Sur scène trois cadres pendus et la robe rouge de Clytemnestre (un costume magnifique du grand Yannis Metzikof) attend la l’actrice qui va interpréter ce personnage. Sur scène, juste un bureau et un escabeau. Marianthi Sontaki excelle en Clytemnestre et avec une remarquable gestuelle, elle met en valeur la dimension tragique et le message politique du texte. La lumière souvent rouge foncé fait allusion à la passion et au crime que souligne la musique de Platon Andritsakis. La dernière scène, une tirade de la Comédienne, est extraite du Souper, une pièce de l’auteur et rappelle les noms de tous les féminicides commis en Grèce ces dernières années. Un spectacle émouvant et de grande qualité…
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Spectacle créé sous l’égide de l’Académie d’Athènes et du Ministère de la Culture, vu le 20 décembre à l’ Apollon- Théâtre municipal de Patras, T. : 00302610273613
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