Pomona connaît un beau succès en 2014 à l’Orange Tree Theatre à Londres et sera ensuite jouée au National Theatre. Autour de Pomona, sur une île désaffectée au centre de Manchester, tous les personnages se déterminent dans un espace-temps à l’écart du réel. Ollie va à la recherche de sa sœur disparue qui a le même prénom qu’elle. Zeppo, un magnat de l’immobilier vers lequel Keaton oriente Ollie, lui suggère d’aller chercher sa sœur à Pomona tout en lui déconseillant le voyage. Sans doute Fay qui se prostitue dans un bordel à Pomona a-t-elle l’intuition de la disparition d’Ollie et prend la fuite, avec l’ordinateur de Gale, une des cadres de Pomona. Elle découvre alors avec terreur que la direction de l’île connait les groupes sanguins de tous les travailleurs sexuels.
Gale tente alors de la faire assassiner par les vigiles de Pomona qui fonctionnent comme un duo de clowns. avec Charlie, l’Auguste naïf et pacifique et Moe, le clown blanc, qui confesse ses tendances hyper-violentes à Fay. Quand ils mettent la main sur elle, Moe décide de la laisser vivre. Cette grâce accordée à la victime signe la mort de Charlie. Pour échapper aux foudres de Gale qui ne pardonnerait pas cette clémence, Moe et Charlie se blessent et se frappent pour faire croire que des agresseurs leur ont enlevé Fay. Mais Charlie perdra la vie dans cette simulation.
Alistair McDowall suggère que les activités criminelles à Pomona se poursuivront comme avant. Dans une sorte d’infirmerie qui évoque les camps de la mort, Ollie, dont on ne sait si elle est la même ou une autre, nous sert de guide pour aveugles… Des exploiteurs de chair humaine obligent les femmes à faire des bébés qui seront ensuite vendus sur des marchés occultes et on prélèvera leurs organes à des fins mercantiles !
Ce que nous verrons qu’à peine mais qui est facile à imaginer… Des crimes n’existant peut-être qu’à l’échelle d’un vaste jeu de rôles et où Charlie, la seule victime de cette histoire, joue avec la plus grande criminelle supposée de la pièce, Keaton qui dicte ses ordres à Gale se jetant comme un fleuve dans la mer des fantasmes du spectateur.
Flash-back ou fable linéaire, réalité ou cauchemar, espace ludique inter-actif, Pomona est tout cela à la fois, puisqu’elle ne réfère qu’à elle-même. Elle nous donne un vertige analogue à celui des grandes fresques déconstruites de David Lynch.
Ce spectacle est issu d’une collaboration entre Sigurdur F3, un artiste conceptuel islandais et membre actif de la culture Role Playing Game, et du metteur en scène grec Thomas Moshopoulos. Ils sont arrivés à créer une sorte de thriller, tout en nous plongeant dans une dystopie entre réel et virtuel où dominent le cauchemar et la cruauté.
Nous croyons participer à un jeu vidéo et tout ici augmente notre adrénaline et engendre la peur ou le dégoût. Le metteur en scène souligne l’artificiel et le décalage entre fiction et répétition. Avec lumières intenses et musique tonitruante. Les acteurs en costumes excentriques interprètent les personnages et d’autres diront ensuite les didascalies comme : «Pause », «Il/elle reprend haleine » ou «Il/elle fait un geste». Sur le plateau, de nombreuses cuvettes de w.c. à usage multiple et, au centre, un praticable où on joue aux dès et où ont lieu les moments cruciaux de l’intrigue. Mais cette histoire d’horreur urbaine, bien interprétée, se consume vite, malgré un suspense réel. Alistair McDowall veut nous impressionner -et il y réussit- mais sa dramaturgie reste superficielle. Dommage…
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre Porta, 59 avenue Mesogeiwn, Athènes, T. : 00302107711333
https://www.youtube.com/watch?v=0BeTya_QHWM
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