Δευτέρα 13 Φεβρουαρίου 2023

Le Visiteur d’Eric-Emmanuel Schmitt, traduction de Sotiris Tsafoulias et Antoine Galeos, mise en scène de Sotiris Tsafoulias


Une pièce créée à Paris en 1994. Après son succès français puis international, le jeune auteur franco-belge quittera son poste à l’Université pour se consacrer à l’écriture. Il imagine ici une situation fantastique la visite d’un personnage divin chez un autre, mais historique celui-ci  Sigmund Freud. Nous sommes à Vienne en 1938 dans son cabinet à la fois réel et irréel, un salon austère avec un divan et un bureau dont le plafond est un ciel étoilé ouvert sur l’infini. En dix-sept scènes, Eric-Emmanuel Schmitt montre les hésitations politiques de Freud. Doit-il rester sur place et entrer dans la Résistance, ou fuir l’Autriche annexée par l’Allemagne nazie? Entre alors un mystérieux personnage, le Visiteur qui nous offre l’occasion d’entrer plus profondément dans le débat philosophique de Freud avec Dieu, et le défi de la psychanalyse.

La pièce s’ouvre sur un dialogue entre Freud et sa fille Anna: lui, énergique, luttant contre la vieillesse et un cancer de la gorge. Et elle, entière mais qui a un grand amour pour son père. Elle lui conseille l’exil et le pousse à signer le papier qui l’y autorise, mais cela a un prix : la reconnaissance et l’éloge du régime. Freud refuse donc, par solidarité avec ceux qui restent. Un officier nazi fait alors irruption et exerce un chantage sur la famille.
Le psychanalyste sauve ses statuettes mais remet tout son argent au nazi qui a des propos antisémites. Anna se met en colère et l’officier l’emmenèra. Freud est désespéré et surgit alors un inconnu : le Visiteur qui semble tout connaître de son passé, de son présent et même de son avenir. Freud le soumet à l’hypnose et lui fait révéler tout ce qu’il sait. Cet inconnu échappe à toute humanité et s’est incarné pour lui rendre visite.
Jusqu’à la fin, le psychanalyste doutera de cette présence et se demandera si son Visiteur n’est pas un malade, d’autant plus que l’officier nazi va lui révéler qu’un fou s’est échappé de l’asile. Ce doute n’empêche pas une discussion sur le sens de la vie, l’existence de Dieu, son impuissance devant le Mal et la liberté des hommes. Le Visiteur donne alors à Freud un argument stratégique pour que l’officier nazi cesse son chantage et fasse revenir Anna. Freud tire sur l’Inconnu pour vérifier son degré de réalité mais rate son coup. Nous resterons dans l’indécision… Ce rêve aura permis de sonder le débat qu’eut Freud avec la religion, et plus généralement, avec la question de Dieu, quand eut lieu l’extermination nazie.

Sotiris Tsafoulias renforce le mystère et le débat philosophique, avec des allusions politiques dans ce spectacle qui touche profondément le public. Ce jeune réalisateur, reconnu en 2016 pour son film L’Autre moi (Eteros ego) qui lui a apporté la notoriété, met en scène toutes les questions existentielles, religieuses ou psychanalytiques du Visiteur. Rythme et suspense, éclairage et musique soulignent l’ambiguïté et les acteurs sont excellents, en particulier Manos Vakoussis (Le Visiteur) qui exprime remarquablement le doute et la peur de l’inconnu.
Un spectacle à ne pas manquer ! 

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Fondation Michel Cacoyannis, 206, rue Peiraiws, Athènes. T. : 00302103418550

https://www.youtube.com/watch?v=K0Wuw0e2fAE

Le livre-programme avec la traduction intégrale en grec est publié aux éditions Kapa.

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