La pièce de Fassbinder, Le
Mariage de Maria Braun, peut être analysée comme un système de
thématiques, focalisées sur un mariage précipité. En effet, le mariage en
question se conclut de toute urgence, ce qui marque le moment même de l’explosion
de la guerre. Dans une Allemagne en pleine agitation et dans une humanité
entière plongée dans le noir et le désespoir semés par la mort des uns et des
autres, le mariage de Maria Braun devient un acte de révolte contre tous ceux
qui gagnent du fléau meurtrier.
Fassbinder
décrit avec clarté la source des malheurs à travers ses personnages qui
ressemblent d’ailleurs à des marionnettes manipulées par le besoin impérieux de
survivre. L’auteur allemand se laisse aller dans les décombres des situations
créées par les actions des gens qui sont ses propres exemples. Or, l’axe
syntagmatique qui raconte l’histoire de ce mariage « approximatif »,
nous présente également les événements qui se déroulent alors que les
personnages concernés se fixent au fur et à mesure que l’action avance. Toutefois,
l’axe paradigmatique, vertical, propose une sorte de rupture entre le fait « phénoménologique »
et le fait socio-ontologique : les héros de Fassbinder sont censés rompre avec la conscience globalisante et œcuménique
pour s’attarder sur la société précise entourant l’entité humaine, peu importe
quelle est la victime ou quel est le bourreau.
En outre, Le Mariage de Maria Braun met
en relief le scepticisme de l’humain lorsque tous les problèmes sont enfin
résolus. C’est ici qu’est situé le point culminant de l’intrigue de la pièce :
Après tant d’aventures, après s’être murie comme enfant de la guerre, à l’instant
même où le bonheur propose une vie heureuse, Maria Braun se suicide. Elle n’a
plus rien à attendre et, surtout, rien à réclamer ni à défendre. Une fois le
bonheur accompli, son nom est dépourvu de tout ce qui la différenciait des autres
qui, durant la guerre se comportaient comme elle. L’acte civil de son mariage,
au nom d’une quelconque famille « Braun », montre la vérité invalide,
impotente, immobilisée par l’ambiance pourrie. Construite à partir de tous les
éléments qui avaient rendu presque héroïques les services ignobles et obsèques,
à l’égard de l’ennemi, la vie pour Maria n’a plus de valeur concrète. Tout est
neutre et coloré de façon à lui arracher l’auréole du sacrifice et du martyre.
Maria ne possède plus la carte d’identité
qui la rendait unique et qui motivait ses décisions. Cela dit, le rôle de Maria
Braun devient extrêmement compliqué, à commencer par la traduction en grec de
la pièce. Giorgos Skevas a transposé
avec art le langage spécifique de Fassbinder
et a pu présenter avec justesse l’humour bien caché, dans une pièce qui met
l’accent sur le tragique de la guerre. Toutefois, la mise en scène de Giorgos Skevas relève d’un esprit
beaucoup plus profond marchand de pair avec la scénographie et les costumes d’Angelos Mendis. Ainsi il se forme un
climat qui vacille entre le sérieux et la détente, qui aurait pu être justifiée
par la manière de procéder dans une situation : chaque élément utilisé
dans le spectacle est fortifié par l’attente d’un renversement de situation.
D’ailleurs, l’éclairage choisi
par Katerina Maragoudaki forme à lui
seul une occasion de s’intégrer à un événement soudain qui fait peur. Le spectateur
est obligé de faire très attention pour avoir le plaisir de dire, « ça, moi, je
l’avais prévu ».
La troupe des comédiens, sous la
baguette du metteur en scène, compose un ensemble de bonne entente des rôles. Maria
Braun, prise en charge par Lena
Papaligoura, se montre sous toutes ses facettes tout en s’attachant à son « grand
amour » Herman, interprété bien à propos par Maximos Moumouris. Vanguélio Andreadaki joue avec vivacité et
humeur le rôle de la mère de Maria Braun. De même, Yannis Dalianis compose le personnage d’Osvald attentivement et de
façon émotive. Nikolas Guéorgakakis et
Georges Syméonidis mènent à de très
bons résultats, à travers les divers rôles de l’ensemble de ce spectacle
extrêmement intéressant aux yeux du public athénien.
Nektarios – Georgios Konstantinidis
Théâtre de la rue Cyclades – Lefteris Voyiatzis, 11 rue
Cyclades, Athènes, tél. 0030 210 82 17 877
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