Δευτέρα 8 Ιανουαρίου 2018

Pour Hélène de Manos Karatzoyannis au Théâtre « Stathmos »

       

      L’histoire d’Hélène Papadaki est liée à deux paramètres bien distincts dans la vie de la fameuse comédienne. D’une part, son train de vie au sein d’une société et d’une époque qui ne tolèrent pas à une femme certaines libertés, comme par exemple le fait de fumer ou l’homosexualité. D’autre part, le cadre historique et politique, dans la société troublée par la Guerre civile en Grèce, accentue les problèmes de toutes sortes qui portent à la lumière du jour le malaise de l’existence et de la coexistence. Exister aux côtés de l’autre, cela présuppose un minimum de volonté de partager des choses et de vivre avec l’autre sous le même toit.

       Cependant, le sujet de l’altérité se dessine à partir de la méfiance qui règne un peu partout sous les traits de l’ennemi. Or, l’ennemi reflète le porteur de la différence. Celui qui diffère, qui n’est pas comme les autres, comme la majorité, dérange l’ « harmonie » superficielle des faits, des causes et des effets. La Guerre civile déchire en deux, puis en petits morceaux, le discours social qui cherche un terrain propice pour y cultiver la paix dans la vie ordinaire des gens.
       Toutefois, l’héroïne tragique de Manos Karatzoyannis, Hélène Papadaki, est conduite presque à l’état de la victime expiatoire : Le bourreau obéit aux ordres donnés par ceux qui propagent la bonne ou la mauvaise réputation. La comédienne, qu’on doit sacrifier, a pratiqué un libertinage qui fut sa manière de provoquer l’entourage : elle renforce l’idéologie du libertinage sans craindre ceux qui la voient faire. Elle attire les regards de partout sachant dans son « moi » profond qu’elle fait des choses, au risque de sa vie, pour soulager ceux qui souffrent.
       Malgré tout, elle n’arrive pas à être plus attentive et cacher par exemple certaines habitudes, comme la cigarette. Elle ne cherche pas non plus à effacer la réputation qui la veut lesbienne. Elle n’imagine pas un instant que son libertinage à elle puisse nuire à qui que ce soit. Son innocence n’a peur de personne car elle n’a commis que de belles « fautes », comme son intervention auprès de l’ennemi quand il a fallu sauver un innocent.
       Manos Karatzoyannis met en scène le monologue de la grande comédienne qui se confesse devant le public juste avant d’être assassinée. La mise en scène s’appuie sur la sentimentalité et l’émotion jaillies de paroles que la comédienne débite. Le metteur en scène et auteur de la pièce, avance avec beaucoup d’attention dans le déploiement de la fable : les mots utilisés par l’actrice retentissent l’envie du personnage d’étaler son argumentation et de fonctionner en juge d’instruction et d’accusée à la fois dans un tribunal. Dans tous les cas, elle aurait dû être emmenée dans un tribunal si la justice de l’ennemi l’avait permis.   
       Maria Kitsou interprète avec justesse le personnage d’Hélène Papadaki, se présentant parfois comme alignée à la vie de la comédienne tuée injustement. Madame Kitsou a fait une véritable synthèse de tous les appâts du personnage jusqu’à ses habits caractéristiques d’une femme libre d’esprit et de manière. L’éclairage d’Alexandre Alexandrou a vraiment contribué aux efforts de l’unique comédienne sur scène, conduite par la mise en scène de façon appropriée. Notons que sur la scène apparaît également Marios Makropoulos dans le rôle de l’interlocuteur muet, qui tue l’héroïne en exécuteur de sang froid au moment de la fin indiquée par le noir qui s’empare de tout le local du théâtre.

Nektarios-Georgios Konstantinidis


Théâtre « Stathmos », 55 rue Victor Hugo, Athènes, tél. 0030 211 40 36 322

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