L’histoire d’Hélène Papadaki
est liée à deux paramètres bien distincts dans la vie de la fameuse comédienne.
D’une part, son train de vie au sein d’une société et d’une époque qui ne
tolèrent pas à une femme certaines libertés, comme par exemple le fait de fumer
ou l’homosexualité. D’autre part, le cadre historique et politique, dans la
société troublée par la Guerre civile en Grèce, accentue les problèmes de
toutes sortes qui portent à la lumière du jour le malaise de l’existence et de
la coexistence. Exister aux côtés de l’autre, cela présuppose un minimum de
volonté de partager des choses et de vivre avec l’autre sous le même toit.
Cependant, le sujet de
l’altérité se dessine à partir de la méfiance qui règne un peu partout sous les
traits de l’ennemi. Or, l’ennemi reflète le porteur de la différence. Celui qui
diffère, qui n’est pas comme les autres, comme la majorité, dérange l’
« harmonie » superficielle des faits, des causes et des effets. La
Guerre civile déchire en deux, puis en petits morceaux, le discours social qui
cherche un terrain propice pour y cultiver la paix dans la vie ordinaire des
gens.
Toutefois, l’héroïne tragique
de Manos Karatzoyannis, Hélène
Papadaki, est conduite presque à l’état de la victime expiatoire : Le
bourreau obéit aux ordres donnés par ceux qui propagent la bonne ou la mauvaise
réputation. La comédienne, qu’on doit sacrifier, a pratiqué un libertinage qui
fut sa manière de provoquer l’entourage : elle renforce l’idéologie du
libertinage sans craindre ceux qui la voient faire. Elle attire les regards de
partout sachant dans son « moi » profond qu’elle fait des choses, au
risque de sa vie, pour soulager ceux qui souffrent.
Malgré tout, elle n’arrive pas
à être plus attentive et cacher par exemple certaines habitudes, comme la
cigarette. Elle ne cherche pas non plus à effacer la réputation qui la veut
lesbienne. Elle n’imagine pas un instant que son libertinage à elle puisse
nuire à qui que ce soit. Son innocence n’a peur de personne car elle n’a commis
que de belles « fautes », comme son intervention auprès de l’ennemi
quand il a fallu sauver un innocent.
Manos Karatzoyannis met en scène le monologue de la grande
comédienne qui se confesse devant le public juste avant d’être assassinée. La
mise en scène s’appuie sur la sentimentalité et l’émotion jaillies de paroles
que la comédienne débite. Le metteur en scène et auteur de la pièce, avance
avec beaucoup d’attention dans le déploiement de la fable : les mots
utilisés par l’actrice retentissent l’envie du personnage d’étaler son argumentation
et de fonctionner en juge d’instruction et d’accusée à la fois dans un
tribunal. Dans tous les cas, elle aurait dû être emmenée dans un tribunal si la
justice de l’ennemi l’avait permis.
Maria Kitsou interprète avec justesse le personnage d’Hélène
Papadaki, se présentant parfois comme alignée à la vie de la comédienne tuée
injustement. Madame Kitsou a fait une véritable synthèse de tous les appâts du
personnage jusqu’à ses habits caractéristiques d’une femme libre d’esprit et de
manière. L’éclairage d’Alexandre
Alexandrou a vraiment contribué aux efforts de l’unique comédienne sur
scène, conduite par la mise en scène de façon appropriée. Notons que sur la
scène apparaît également Marios
Makropoulos dans le rôle de l’interlocuteur muet, qui tue l’héroïne en exécuteur
de sang froid au moment de la fin indiquée par le noir qui s’empare de tout le
local du théâtre.
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre « Stathmos », 55 rue Victor Hugo,
Athènes, tél. 0030 211 40 36 322
Δεν υπάρχουν σχόλια:
Δημοσίευση σχολίου