Neil Simon est un auteur dramatique américain, enclin plutôt à une
graphie théâtrale qui place au centre de ses thématiques la « lutte »
entre le comique et le sérieux. La préoccupation majeure de Simon, c’est la
mise en relief de tout ce qui considère la vision du monde colorée de toutes
les couleurs possibles. La procédure s’élargit pour se soumettre à la fin à
l’élément bipolaire oscillant entre le blanc et le noir. Neil Simon observe avec hardiesse l’entourage de ses personnages
qu’il voit de l’intérieur. Il s’agit d’ailleurs d’une façon d’envisager des
moments de sa vie à lui, de ses rencontres furtives ou encore plus stables en
ce qui est de leur durée « socio-temporelle ». Cela dit, la
sociabilité des personnages – anaphores de Simon semble être attachée à une
espèce de temps qui marche de pair avec l’ambiance vertigineuse dans laquelle
se développent les héros des pièces du dramaturge américain. On n’oublie pas
que l’Amérique est fortement associée à l’idée que l’on a d’elle à travers la
notion « compacte » de l’idéologie de l’Utopie : Le « rêve
américain » (« american dream ») traverse toute approche de la
dramaturgie américaine, qui se veut soit tragique et dramatique, soit sérieuse,
romantique souvent, mais surtout légère.
Sous cette optique, Neil Simon peut être considéré comme le
Feydeau « hyper atlantique », un auteur donc dramatique à la
recherche des grands boulevards de Paris. Si à Paris on s’amuse encore
aujourd’hui avec les blagues autour d’un cocuage, à New York on se laisse aller
à des exaspérants gags humoristiques autour d’un cocuage disons
« kinky ». Or, le cocuage est censé être chargé d’un même matériel
moral même s’il s’agit d’un couple de gays. Homme ou femme victime de cocuage,
la douleur est pareille. Simon parle aujourd’hui de la question du mariage des
homosexuels mais il défend la cause des victimes, c’est-à-dire de tous les
blessés et des torturés, de tous les vaincus de la « guerre du
sexe ».
Dans Nouvelle page (Chapter Two), pièce écrite en 1977,
Georges Schneider, écrivain, veuf, n’ose et ne veut plus connaître une autre
femme de peur de la perdre comme la précédente. Cette « certitude »
devient une obsession majeure, excentrique, amusante et enfin ridicule. De
même, Jennie Malone, comédienne, évite avec ardeur les rendez-vous organisés
par ses proches. De plus, elle vient de vivre tout ce qu’un divorce entraîne. Elle
ne veut plus goûter de pareil état d’être lui préférant ce sentiment de liberté
absolu qu’elle ressent sous les conditions créées par la séparation.
Dans la représentation
d’Athènes, au Théâtre « Mikro
Gloria », la traduction et la mise en scène de Yannis Moschos mettent l’accent sur l’actualisation de la pièce de Neil Simon. De toute façon, le public
athénien a déjà plusieurs fois vu portée sur scène la Nouvelle page ainsi que
l’ensemble (ou presque) de la dramaturgie de Simon qui lui est familière. Yannis Moschos garde toute la fraicheur
d’une pièce qui aurait risqué, si l’on peut dire, de passer comme une œuvre
périmée. En effet, le traducteur et metteur en scène opère sur certaines
expressions langagières qui portent sur le jeu, l’attitude sur le plateau et
surtout les grimaces, en tant que gestes du visage. Yannis Moschos obtient un résultat exquis, en combinant des choses
hétéroclites, comme la veste vieillie par le temps et notamment par Georges, le
personnage qui la porte. Au contraire, les habits de Léo, frère de Georges,
gay, sont des couleurs vivantes qui expriment, après tout, la vivacité de Léo
comme intermédiaire entre son frère et la femme qu’il lui propose. Le même
esprit jaillit des habits des deux femmes, ce qui garantit la symétrie entre
jeu et espace. (décors – costumes : Tina
Tzoka).
Dans le rôle de Georges
Schneider, Taxiarhis Hanos s’exprime
avec beaucoup de « fausse » sentimentalité, outil généreux quand on
pratique le théâtre léger. Associé au frère, incarné par Anguélos Bouras, Hanos projette sa corporalité plutôt statique et
lourde, à la limite du trapu. Contrairement au rôle de Georges, Léo de Bouras
met en situation sa légèreté d’être et ses gestes peut-être trop mouvementés.
Dans le terrain des femmes,
l’harmonie du spectacle est assurée par Maria
Kallimani (Jennie Malone) et Andrie
Théodotou (Faye Medwick). Toutes les deux forment un couple scénique de
haute qualité, ajoutant à l’ensemble des comédiens leur
« historique » de femmes mal menées par leur mariage et par leur
relation avec les hommes.
L’on pourrait dire que la
représentation de la Nouvelle page offre au public le
plaisir d’un spectacle amusant et riche de moments d’humour et de détente. Et
pour finir, on doit mentionner la belle manipulation de la musique, fondée sur
le quintette de Luigi Boccherini, actualisé aussi pour répondre aux exigences
du spectacle dans l’ici et maintenant. Indépendante par rapport aux actions de
l’intrigue de la pièce, la musique compose, elle seule on dirait, une action
interne qui fonctionne comme un commentaire bien osé et bien dosé.
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre « Mikro Gloria », 7 rue Ippokratous,
Athènes, tél. 0030 210 36 42 334
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