Παρασκευή 31 Μαρτίου 2017

Les Liaisons dangereuses, d’après le roman de Choderlos de Laclos, adaptation et mise en scène de Georges Kimoulis, Théâtre « Alma » (Athènes)

     
     Le roman épistolaire de Laclos, au titre caractéristique Les Liaisons dangereuses, publié en 1782, annonce déjà un certain scepticisme concernant les relations de l’homme avec son entourage et tout ce qui se prépare aux coulisses de l’Histoire. Ainsi, le héros central n’est que la fusion de Dom Juan, personnage de la légende espagnole et de Casanova, le fameux conquérant de femmes, personnage historique montrant la manière de faire à tous les adeptes d’Epicure attachés à un hédonisme soit disant débridé. En outre, Valmont de Laclos concentre les éléments spirituels, tout à faits internes, et des éléments qui nourrissent l’imagination autour de Casanova, beaucoup plus superficiel par rapport à Dom Juan de Molière, par exemple.

      Dans sa transposition sur la scène du Théâtre « Alma » d’Athènes, le personnage de Valmont suit la piste de ses futures victimes, en pleine période de préparatifs de la Seconde Guerre Mondiale. Georges Kimoulis crée une nouvelle « partition », à partir de ce qui se passe comme instrument mis en fonctionnement par le totalitarisme et la montée d’Hitler au pouvoir. L’Europe des « années folles » plonge désormais dans la misère des poursuites de tous ceux qui osent encore rester attachés au discours du « pour qui » et du « pourquoi », questions qui avaient fondées, dès la fin de la Grande Guerre, le discours de la sagesse propre à l’esprit démocratique et pacifiste du début de l’Entre-deux-guerres.
      Georges Kimoulis, acteur et metteur en scène de la représentation d’Athènes, crée le personnage de Valmont suivant les dispositions de l’entourage fondé surtout sur la population féminine, ancrée dans l’espace même des changements de tout un continent : il y a ceux qui perdent et il y a ceux qui gagnent de la guerre. Le Valmont de monsieur Kimoulis se trouve au milieu et n’a pas peur de montrer au public la partie qu’il favorise. Son désespoir vient, d’ailleurs, de son « moi » traumatisé depuis l’enfance. Il est, en vérité, l’enfant d’un passé dérisoire et d’un présent maladif et pourri. Son avenir ressemble à la silhouette d’un revenant qui fait peur. Georges Kimoulis forge le profil de Valmont en l’abritant sous les excuses « psychologisantes ». Pourtant, il est gnostique, il sait et son désespoir est sincère. Il sait qu’il est seul dans l’histoire et goûte la solitude pleinement. Le Valmont de Georges Kimoulis ressent ce manque de compagnon de route, madame Merteuil ne semblant pas se trouver à la hauteur de ses préoccupations tout intrinsèques au monde philosophique du personnage de Laclos.
      D’ailleurs, la Merteuil de l’actrice Evelina Papoulia n’arrive pas à descendre aux tréfonds de l’envers de Valmont : elle ne fait que rire sans raison valable, presque chaque fois qu’elle reçoit une dépêche de son ex amant. Le reste du temps, elle se promène avec complaisance inconditionnée en regardant de loin la Merteuil de Laclos. La même chose nous pouvons souligner à propos de l’interprétation de l’actrice Anna-Maria Papacharalabous qui passe presque inaperçue par rapport à la richesse sentimentale de l’héroïne Madame de Tourvel de Laclos. Au contraire, la jeune actrice Nancy Boucli conduit le rôle de Cécile à des résultats artistiques très promettants. Madame de Volanges de Mara Darmousli exprime la sensualité du personnage. Par ailleurs, Maro Kondou, artiste aux grands succès scéniques et cinématographiques en Grèce, présente intacte la personnalité d’une actrice mûrie par l’expérience de divers rôles comme celui de Madame de Rosemonde, la tante de Valmont aux Liaisons dangereuses. L’on pourrait formuler la même chose concernant le comte de Gercourt, interprété avec justesse par Spyros Sarafianos, acteur dont la finesse laisse ses traces bénéfiques à la représentation du Théâtre « Alma ».
      Au rôle de Danceny, Labros Ktenavos met l’accent sur les deux situations qui le préoccupent, son amour pour Cécile et son besoin d’argent. Au rôle du servant, « inspecteur » des lieux, Théodoris Bouzikakos dépasse, l’on dirait, ses tâches de simple valet pour se présenter comme une sorte de commandeur de l’espace à travers un véritable « masque » d’indifférence concernée. En outre, la servante, interprétée par Chryssa Clouva, rappelle au public les anciennes manières des servantes, obligées le plus souvent de travailler pour les besognes de la maison et, au moment voulu par le maître, travailler pour satisfaire ses appétits secrets. Asteris Krikonis, Stathis Panagiotidis, Spyros Petoussis et Myrto Sarri jouent des rôles complémentaires mais essentiels pour le déroulement de la trame.
      Les Liaisons dangereuses de Laclos au Théâtre « Alma » d’Athènes, s’animent avec charme et efficacité esthétique grâce aussi aux décors et l’éclairage de Pawel Dobrzycki et les projections de vidéo de Georges Kimoulis. Bref, il s’agit d’une représentation qui laissera pour longtemps son retentissement artistique aux choses culturelles des scènes athéniennes.


Nektarios-Georgios Konstantinidis

Τετάρτη 29 Μαρτίου 2017

"Clytemnestre ?" d’Andréas Staïkos au Théâtre « ΜΠΙΠ » d’Athènes

      La pièce d’Andréas Staïkos, intitulée Clytemnestre ? (écrite en 1974), est représentée au Théâtre « MPIP » à Athènes dans une mise en scène de Georgina Tzoumaka. L’on peut dire que cette pièce de l’écrivain grec est classée parmi les textes caractéristiques et emblématiques au sein de l’esthétique proposée par le méta-moderne. Celui-ci réunit les vieilles habitudes de la coexistence du moderne et de l’élément qui le dépasse tout en amplifiant sa signification et sa manière de faire. Cela veut dire que le méta-moderne s’ouvre à une vision du monde contrôlée par le besoin de créer une nouvelle possibilité. Pris dans l’amas d’une certaine matière première, la chose qui apparaît pour la première fois quelque part, est censée portée en elle une espèce de révolte. Ce comportement accuse la vision du monde en place, perturbée pourtant par l’ « intrus ».
        Clytemnestre ? d’Andréas Staïkos en constitue un tout syntagmatique, classique dans une première approche. Cependant, le titre est à la fois porteur d’une mise en doute et véhicule de l’axe paradigmatique, donc fonctionnelle au niveau de la pragmatique concernant le point d’interrogation. Andréas Staïkos met sur pied un projet de dramaturgie moderne. Il commence au niveau d’unité paradigmatique et archétypique. Sa Clytemnestre s’appuie sur la technique de l’intertexte s’éloignant considérablement du centre énergétique du texte d’origine : Deux comédiennes, jaillies d’une société contemporaine, sont en tournée suivant leurs besoins artistiques et financiers. Elles se lancent dans l’apprentissage de leur rôle mais elles oublient les paroles. Elles commencent donc à proférer un nouveau texte basé sur les répliques du poète tragique dans l’Antiquité grecque. 
          La mise en scène de Georgina Tzoumaka vise à mettre en relief les figures mythologiques de Clytemnestre et d’Electre tout en offrant le plaisir d’un spectacle sensuel et « copieux ». Le spectateur devient le témoin d’une agitation toute naturelle étant donné que la mère et la fille sont considérées comme rivales et même ennemies. Georgina Tzoumaka dédouble les personnages de l’action et mêle l’humeur de deux comédiennes, fatiguées par la tournée, avec le tragique de deux héroïnes connues de l’antiquité. Christina Dendrinou et Maria Branidou incarnent avec ardeur les deux personnages de Staïkos et s’entreprennent également à définir et à indiquer l’espace qui les entoure comme entité spécifique et en même temps œcuménique.