Κυριακή 5 Μαΐου 2019

Les Sept Filles d’Ève, performance de Kostas Filippoglou

Les Sept Filles d’Ève (The Seven Daughters of Eve) est un essai du biologiste anglais Bryan Sykes. Ce généticien, professeur à Oxford, a cherché à reconstituer la généalogie des Européens. Avec sa théorie de la génétique mitochondriale, il explique les principes de l’évolution humaine et la façon dont il est parvenu à analyser l’ADN fossile. Dans Les Sept Filles d’Ève, il raconte  comment il a commencé par analyser le corps congelé d’Ötzi (plus de cinq mille ans, retrouvé dans un glacier en Autriche en 1991. À partir de 15.000 analyses d’ADN,  Bryan Sykes identifie sept lignées dans la population du continent européen. Aboutissant à sept femmes originelles, poétiquement baptisées Ursula (Grèce), Xénia (Caucase), Héléna (Pyrénées), Velda (Cantabrie), Tara  (Toscane), Katrine (Vénétie) et Jasmine (Syrie), datant de 8. 000 à 45.000 ans.
L’étude est fondée sur l’utilisation de l’ADN mitochondrial (ADN mt), une molécule présente dans toutes les cellules humaines. Contrairement à l’ADN nucléaire hérité des deux parents,  cette molécule est transmise uniquement par la mère. Avec 16.500 paires de base, elle se révèle très stable. Tout au long de l’histoire de l’humanité,  transmis par la ligne matriarcale, cet ADN se transmet aussi aux fils, sans que ceux-ci puissent la transmettre. En extrayant l’ADN d’Ötzi, Brian Sykes conclut à la similitude des séquences avec celles de l’ADN d’Européens contemporains. Il a aussi travaillé sur l’identification des restes des Romanov et sur le peuplement de la Polynésie. Et ensuite sur la généalogie préhistorique des Européens.
Brian Sykes retrace les migrations humaines, conteste la théorie de l’origine africaine de l’homme et celle de Thor Heyerdahl sur l’origine des Polynésiens. Le titre du livre provient d’un de ses principaux résultats: la classification de tous les humains modernes en plusieurs «lignées mitochondriales».  Dont chacune peut être tracée suivant une ligne maternelle menant d’une personne, à une femme préhistorique spécifique, et selon l’expression du chercheur « une mère de clan ». Toutes ces femmes ont, à leur tour, partagé un ancêtre commun. Ces théories aboutissent à sept lignées mitochondriales pour les Européens (cependant d’autres élèvent le nombre à onze ou à douze) et lui parle donc des «sept filles d’Ève».
Kostas Filippoglou et ses comédiens (sept femmes et un homme) ont adapté cet essai scientifique pour en faire un matériau dramatique. Et ils ont  réussi à trouver les moyens scéniques  pour restituer le côté visuel et concret des faits relatés. Le metteur en scène  crée un spectacle qui nous rend accessible le jargon des scientifiques. Il a favorisé un jeu corporel et réussit à faire naître une véritable émotion théâtrale… Une réalisation intéressante, au concept dramaturgique clair.  Avec une écriture collective, un langage scénique et des choix artistiques  originaux….
Nektarios-Georgios Konstantinidis
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