Κυριακή 24 Ιανουαρίου 2021

La Ménagerie de verre de Tennessee Williams, traduction de Stelios Vafeas, mise en scène de Georges Nanouris


Dans un deux-pièces à Saint-Louis, Amanda Wingfield, une femme abandonnée par son mari, vit dans  le monde fantasque de ses anciens amoureux, entourée par ses grands enfants: Tom, qui  rêve de quitter son travail dans une usine de chaussures mais aussi l’étouffant cocon familial. Et la jeune Laura, à la timidité maladive et que tourmente une jambe infirme. Elle prend le plus grand soin de sa ménagerie de verre, de fragiles animaux miniatures. Amanda a demandé à Tom d’inviter un de ses copains employé comme lui dans la même usine, Jim O’ Connor… Et elle y voit un amoureux possible pour Laura.

De nombreuses similitudes existent entre la famille Wingfield et celle de Tennessee Williams.  La Ménagerie de verre, écrite en 1944, est contemporaine de la fondation de l’Actor’s Studio. Comme  toute son œuvre, la pièce est liée aux pratiques d’acteur de cette école où la construction du personnage est essentielle. Tout dans le texte est décrit avec précision: environnement, âge, milieu social, métier et habitudes des protagonistes… Pour une juste analyse du comportement humain et Tennessee Williams commente la situation par le biais du narrateur, ou grâce à des projections d’images.

Il y a dans cette pièce écrite avec le décalage qu’autorise la mémoire, des didascalies précises: elle « se passe dans la mémoire et n’est donc pas réaliste. La mémoire se permet beaucoup de licences poétiques. Elle omet certains détails; d’autres sont exagérés, selon la valeur émotionnelle des souvenirs, car la mémoire a essentiellement son siège dans le cœur. »

La Ménagerie de verre dépasse son époque: complexe et polysémique, elle peut, après  plus de soixante-quinze ans, être encore réinventée et Georges Nanouris a créé un spectacle avec un rythme et des couleurs qui lui permettent de capter le quotidien avec  justesse et réalisme. Seuls, les objets indispensables à la compréhension d’une scène sont ici gardés. Des lampes montent et descendent comme des pendules, soulignant le symbolisme de la ménagerie de verre de Laura et renforçant la poésie du texte.

Anna Massha (Amanda) a une voix monotone, des gestes répétitifs et une certaine  hystérie qui affaiblissent le personnage… Lena Papaligoura montre bien le passage impossible de l’enfance à la féminité chez Laura, ses traumatismes psychiques et son caractère introverti mais elle n’évite pas toujours un ton mélodramatique facile pour créer l’émotion. Konstantinos Bibis  criaille souvent et joue Tom de façon superficielle. Mais Anastassis Roilos, lui, excelle en Jim O’Connor et séduit par une belle présence scénique. Notamment, à la fin quand le jeune homme et Laura se livrent à des confidences et s’embrassent (on voit le baiser en ombre à cause des limites imposées par la crise du covid!). Mais c’est la seule scène poétique et touchante du spectacle…
 
Nektarios-Georgios Konstantinidis
 
Spectacle vu le 23 janvier, en retransmission depuis le Théâtre National d’Athènes.

Σάββατο 2 Ιανουαρίου 2021

Pieds nus dans le parc de Neil Simon, traduction en grec d’Antonis Galéos, mise en scène de Reïna Eskenazi


Producteur, dramaturge et scénariste américain, Neil Simon  (1927-2018), surnommé le roi de la comédie, a aussi adapté en 1967 cette pièce au cinéma avec Robert Redford et Jane Fonda.  Dans cette comédie romantique pleine d’humour, traduite et montée dans le monde entier avec grand succès, l’auteur met en valeur l’amour, comme sentiment omniprésent et… omnipotent.

Mais il y a toujours dans les relations humaines un quelque chose porteur d’ambiguïtés et d’antinomies. Et l’homme comme la femme souffrent de doutes, soupçons et  manque de confiance en soi. La routine du mariage semble un cauchemar, le couple a besoin d’un changement, d’une surprise ou d’une folie qui écraserait la monotonie : ce «marchons pieds nus dans le parc » est peut-être un remède…

Après six jours de lune de miel, Paul, jeune avocat plein d’avenir, découvre le « petit nid d’amour » que leur a  trouvé Corie : un loft insalubre au huitième étage sans ascenseur ! Le couple est brutalement plongé dans la réalité d’une vie à deux. Paul découvre l’endroit le jour de leur installation et c’est l’enfer. Impossible pour lui de travailler dans cet espace  inconfortable! Et il doit plaider sa première affaire le lendemain matin! En fait, rien ne se passe comme prévu : leurs meubles tardent à arriver, leur nouveau voisin cherche visiblement à squatter et Esther, la mère de Corie, aurait tendance à prendre racine… Tout cela risque fort d’aboutir à une situation explosive.

Reïna Eskenazi  a réalisé une mise en scène rythmée où alternent comique des situations et émotion. Le décor et les costumes soulignent le burlesque de la pièce. Un spectacle léger et touchant qui provoque le rire, mais où Neil Simon  rappelle les difficultés de la cohabitation comme du mariage. Argiris Aggelou (Paul) et Vassiliki Troufakou (Corie) sont  un couple  de personnages aux contradictions évidentes mais qui ont une profonde sensibilité. Aris Lembessopoulos excelle en Victor Velasko, le vieux et dingue voisin qui n’hésite pas à flirter avec Corie pour gagner le cœur de sa mère. Hélène Krita interprète Esther avec brio et Jérome Kaluta est magnifique à la fois en technicien et en serviteur. Ici la parodie fait aussi merveille.  
 
Nektarios-Georgios Konstantinidis
 
Spectacle vu le 1 er janvier  en retransmission depuis le Théâtre Akadimos, Athènes.