Σάββατο 27 Μαΐου 2017

Kafka's Freaks, solo performance inspirée par l’œuvre de Frantz Kafka

       La philosophie de l’absurde et du désespoir de Frantz Kafka (1883 – 1924), auteur tchèque d’expression allemand et figure emblématique de la littérature, trouve sa terre d’élection dans la sensibilité contemporaine des gens du théâtre. Kafka enseigne par son exemple, usant du roman comme allégorie, que le récit peut devenir le lieu où élaborer une métaphysique concrète. L’œuvre de Kafka présente à l’état pur le paradoxe de la pensée existentialiste. Beaucoup des représentations dans le monde entier sont inspirées par l’univers kafkaïen. Diverses adaptations de romans de l’auteur tchèque ont alimenté des spectacles très intéressants. C’est le cas de la performance du comédien et metteur en scène Nicolas Vayionnakis qui propose une performance structurée sur les récits Rapport pour une académie (1917), Un champion de jeûne (1922) et La Métamorphose (1915).
        Les trois récits de Kafka deviennent une sorte de prétexte de montrer sur scène le personnage cloué dans une cage – prison. Vayionnakis s’expose dans de multiples expressions corporelles (grimaces, gestes, extases psychiques) qui offrent un véritable éventail toujours mouvant, créateur d’un tourbillon paradoxal et énigmatique. La scène du théâtre où se produit le sujet monologuant, est une « scène pauvre », dépouillée de tout faste. Il n’y a que l’éclairage d’Apostolos Tsatsakos qui met en valeur l’antinomie entre l’objet « cage » et le sujet « corps humain en révolte ». Il est vrai que la cage rétrécie énormément la possibilité d’être en liberté alors que l’homme engloutie et piégé, fou de rage, se manifeste à travers des mouvements presque géométriques rejetant tout esprit d’harmonie. Nicolas Vayionnakis, maquillé en blanc et vêtu en costume noir, incarne les tréfonds de tous les personnages kafkaïens assemblés sous le toit d’une esthétique uniforme allant du moderne au méta-moderne.  Le tragique de la condition humaine se présente de façon grotesque, macabre et attaquante à travers le jeu des yeux du comédien en créant ainsi une atmosphère de peur et de panique censés se transposer dans l’espace du public. Nicolas Vayionnakis offre avec générosité les modalisations de son art d’interprète et montre de cette façon la richesse de son talent.

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Théâtre Fournos, 168 rue Mavromichali, Athènes, Tél. 0030 210 64 60 748

Σάββατο 20 Μαΐου 2017

Moisson de Dimitris Dimitriadis au Théâtre National d’Athènes

     La pièce de Dimitris Dimitriadis, écrite en 2011 et intitulée Moisson, sans article défini ou indéfini, focalise sur les relations interpersonnelles, ainsi que sur la manière de communiquer l’un avec l’autre. Notons que la situation dans laquelle nous vivons attachés et étroitement liés avec des objets, comme le portable par exemple, nous oblige à suivre une « philosophie » de communication indirecte, presque jamais directe. Mais, même dans des circonstances ennemies de toute communication possible, les nouvelles arrivent et souvent pour souligner une catastrophe. Le dicton, « pas de nouvelles, bonnes nouvelles », semble exilé au pays de l’espoir. Dans ce pays, le trou obscur de la mémoire invente des façons de faire passer inaperçues la déception et la misère, toute intérieures de celui qui aime comme de celui qui hait.
      L’auteur grec, à travers cinq personnages « présents » dans le lieu de l’action et deux autres « absents », qui se manifestent de par le portable, avance très loin dans le comportement de ses héros incarnant des unités symboliques. En outre, l’objet de la communication, durant l’action dans la pièce de Dimitriadis, ne fait qu’exprimer sa présence d’objet « extatique », dans le sens qu’il dépasse les limites de ses possibilités d’être en même temps un sujet. Identifié, l’on pourrait dire, à la personne hors-scène qui fait irruption dans la vie des cinq vacanciers, le téléphone portable « détruit » le lieu de sa provenance. Ensuite, il « détruit » l’harmonie promise de cet autre endroit, l’hôtel luxueux à Acapulco, qui « garantit » la paix et le bien être des vacances. Pourtant, il y a un vacuum qui crée une situation interne dans chacun des personnages se sentant, peut-être, porteurs de ce vide incurable, le vide d’une existence en péril.
      La mise en scène de Dimitris Tarloou met l’accent sur la coexistence de l’harmonie spatiale en conflit avec l’espace intérieur des personnages de l’action. Nous nous trouvons dans un hôtel de luxe qui accueille des vacanciers apparemment insouciants et loin des besognes de tous les jours. La couleur verte domine dans le décor d’Hélène Manolopoulou, qui a fait aussi les costumes. Dimitris Tarloou ne fait qu’à suivre, à vrai dire, le discours de Dimitris Dimitriadis ainsi que les didascalies du texte. Il est à noter que la mise en scène focalise sur la peur de la menace, une menace toute inconnue, représentée sur scène par des figures perpétuellement mouvantes en guise des corps fantasmatiques qui ajoute sur le suspense de l’attente.  Les comédiens, Anna Mascha (Zouzou), Périclès Moustakis (Roumi), Nicos Psarras (Assour), Alexia Kaltsiki (Likra) et Maro Papadopoulou (Bona), incarnent une collectivité caractéristique dont le souci est de passer quelques jours dans le bien être de l’insouciance. Chacun d’eux se manifeste dans le rôle, qui lui est confié, avec beaucoup d’ardeur tout en défendant sa propre personnalité d’acteur.

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Théâtre National, Bâtiment Tsiller – Salle « Nicos Courcoulos », rue Aghiou Konstantinou 22 – 24, Athènes, Tél. 0030 – 210 52 88 170