Πέμπτη 20 Ιουλίου 2017

Ennemis de sang d’Arkas, traduit du grec moderne par Dimitris Filias, Athènes, Editions « Grigoris », 2017, 98 pages.

Critique/Livre



Ennemis de sang d’Arkas, traduit du grec moderne par Dimitris Filias, Athènes, Editions « Grigoris », 2017, 98 pages.

          Le nom et la renommée d’Arkas sont plutôt attachés au grand succès de la bande dessinée que l’écrivain et cartooniste grec manie de façon tout à fait particulière : Arkas, à travers ses dessins, repend de la spiritualité qui vivifie ses « personnages » leur munissant une dose de théâtralité considérable. Après tout, la « mission » de la bande dessinée c’est de combiner l’ « utile à l’agréable », c’est-à-dire, l’information « manipulée » en relation avec un message concret. Arkas met aussi l’accent sur le paradoxe qui, à lui seul, trahit un besoin impérieux de porter à la lumière du jour les vices de nos sociétés occidentales, hypocrites et imbues d’implicites absurdes.
        Dans la première pièce de théâtre d’Arkas, Ennemis de sang, écrite en 2007, les trois personnages appartiennent à « cet autre monde » (dirait Rabelais) qu’est l’homme comme entité entière : Le corps humain, composé d’organes destinés à consommer de l’énergie, suivant la fonction de chacun d’eux, représente un vaste territoire d’affinités. Celles-ci conduisent à la profondeur de l’Etre où l’on cherche à voir les amis de sang.
        Selon l’écrivain et dessinateur, la bonne entente de tous les organes du corps assure l’harmonie et le bon fonctionnement de l’organisme. Arkas, par le biais de sa thématique, en apparence singulière, nous montre les grandes similitudes entre la matière charnelle et la matière spirituelle et surtout les ressemblances entre l’organisme humain et la société des hommes. Pour Arkas, la société civilisée manque de cohérence au niveau de la compréhension. Diffusé comme faisant partie de la norme, le rapprochement de différents « services » obéit à un pouvoir central, qui ne fait qu’un effort faible de collaborer au profit de tous.
     La pièce d’Arkas, Ennemis de sang, reflète l’ambiance conflictuelle entre l’ « Intestin grêle », le « Gros intestin » et le « Rein droit », qui constituent les personnages du créateur grec. L’esprit de dispute, qui règne dans un corps humain, reflète surtout la gravité du problème de la mauvaise entente qui conduit à la catastrophe finale de la « communauté », ne serait-ce qu’au niveau de la coexistence de tous les organes de l’organisme humain. D’ailleurs, à partir de ce microcosme, l’auteur vise à indiquer le malaise dans les macro-structures de l’humanité.
       La traduction du texte grec en français par Dimitris Filias (Professeur de traduction littéraire de l’Université Ionienne) est une procédure extrêmement difficile, vu le langage d’Arkas passant du réalisme langagier aux tournures excessives. Disons que l’écrivain-dessinateur procède en parodiant le mot et en le forçant de dépasser son statut informationnel et sentimental. Dimitris Filias, traducteur expert dans l’expression bilingue, arrive à traduire, avec une exactitude exquise, aussi bien l’apparat du paradoxal que les compromis du mot « masqué » en tant que fondement de la parodie.
       De plus, le problème est posé par toute tentative de traduction depuis le texte d’origine au texte d’une langue n’ayant aucun rapport avec la langue maternelle. Le mérite de la traduction de Dimitris Filias, c’est qu’il a su mener à un résultat dont les reflets d’efficacité sont aisément présentés à travers un ensemble signifiant avançant l’esthétique d’un baroque « réalistique » et humoriste.

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Τρίτη 4 Ιουλίου 2017

« La fille qui tombe, tombe, tombe », spectacle inspiré de récits de Dino Buzzati, mise en scène Lilo Baur

        

          Le spectacle de Lilo Baur, présenté au Théâtre « Rex », dans le cadre du Festival d’Athènes, est basé sur de petites histoires de l’écrivain italien Dino Buzzati. L’élaboration dramaturgique de Lilo Baur et de Kostas Filippoglou focalise sur l’idée d’une chute. Mis à part le côté léger et presque amusant, annoncé par le titre, « La fille qui tombe, tombe, tombe », le sujet est plutôt sérieux et ouvert à de multiples interprétations concernant la thématique. En effet, la chute du dernier étage d’un gratte-ciel ne pourrait être un conte de fées comme « Alice au pays des merveilles ». D’ailleurs, la chute de la fille s’inscrit dans le présent continu qui est un clin d’œil de la part de l’écrivain italien mais surtout de la part de la metteure en scène. Lilo Baur manipule avec exactitude et justesse incomparable son matériel en créant ainsi une esthétique qui renouvelle la tradition du théâtre mimétique. Le présent continu du titre se réfère à un véritable parcours dont le départ c’est la chute vertigineuse de la fille. Le trajet semble toucher l’infini et n’offre aucun moment de repos. Au contraire, l’être qui tombe s’élance dans une véritable aventure de l’expérience du corps humain, de l’esprit qui l’habite et de la morale en tant que grandeur philosophique.
       La représentation fut une révélation pour les spectateurs grecs qui ont apprécié le jeu de l’éclairage dans un espace presque vide dans lequel des silhouettes minuscules, l’on dirait, apparaissent pour dialoguer avec la fille durant sa chute. Les présences en question couvrent une certaine gamme d’occupations et de préoccupations humaines dans un quotidien dont on n’a pas de véritables informations. Cependant, la fille qui tombe rencontre ces silhouettes et assure une communication avec elles allant très loin dans un scepticisme salutaire, pareil à une sorte de catharsis. Il faut souligner le fait de l’absence de tout décor réaliste ou naturaliste. La metteure en scène préfère de petites métaphores au détriment de grandes métonymies. Cela veut dire que l’acteur porte dans son corps la transformation du caractère, quand il le faut, et utilise sa corporalité afin de créer une esthétique du baroque moderne, l’on pourrait dire. En d’autres mots, les gestes corporelles des comédiens contribuent à l’élaboration d’une esthétique qui d’abord nous surprend par sa mise en miettes d’instantanés appropriés. Après tout, les compositions séparées mènent par la suite au résultat souhaité, c’est-à-dire à la création des microcosmes entiers. Enfin, on a pu voir un spectacle qui a décliné la tentation de la vidéo projection pour retrouver les traces de la corporalité en harmonie avec la parole.  


Nektarios-Georgios Konstantinidis

Théâtre « Rex », 48, rue Panepistimiou, Athènes, 4 – 5 – 6 juillet 2017

Tél. 0030 210 33 05 074